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Les risques infectieux lors de la pratique du tatouage

La peau et le revêtement des muqueuses constituent la première barrière et la plus efficace contre les micro-organismes (microbes) qui peuplent notre environnement.
Ces micro-organismes sont des bactéries, des virus ou des parasites qui cherchent un hôte pour se multiplier.

En temps normal, la peau et les muqueuses saines portent des micro-organismes à leurs surfaces, comme la plupart des objets qui nous entourent, sans aucune conséquence pathologique pour autant. 

Dans certaines circonstances ces micro-organismes peuvent s'introduire dans notre organisme à la faveur de piqûres, coupures, brûlures ou blessures diverses, accidentelles ou intentionnelles.

Lors d'une effraction cutanée comme pour un acte de tatouage, la pénétration de microbes peut entraîner une infection locale, parfois grave lorsque l'infection se dissémine secondairement dans l'organisme.
En cas de rupture de la barrière cutanée, l'infection peut être due à des micro-organismes présents à la surface de la peau, mais aussi à la présence de micro-organismes sur le matériel qui a occasionné cette effraction.

Mécanismes de l'infection :

L'infection peut être due à des micro-organismes présents à la surface de la peau.
C'est le cas lorsque la préparation locale du site d'intervention n'est pas conforme aux règles d'asepsie.
Ce mécanisme est susceptible d'entraîner une infection chez un client à partir de ses propres micro-organismes ou éventuellement la dissémination d'une infection déjà présente chez lui (dissémination de verrues par exemple).

L'infection peut être due à des micro-organismes présents sur le matériel, on dira alors qu'il est contaminé.
Ces micro-organismes peuvent provenir :

  • d'un client précédent
  • des surfaces avec lequel ce matériel aura été en contact durant la procédure
  • des mains de l'opérateur réalisant la procédure

Ces mécanismes sont susceptibles d'entraîner la transmission d'une infection d'un client à un autre client ou d'un tatoueur à son client.

Par ailleurs, si le tatoueur se blesse au cours d'un geste, l'effraction cutanée est susceptible d'entraîner la transmission d'une infection du client au tatoueur.

Le risque infectieux concerne donc tout à la fois clients et tatoueurs dans la pratique
du tatouage.
Il en est de même pour le piercing, le maquillage permanent, l'épilation par électrolyse ou le rasage.

En tout état de cause, si le matériel pénétrant la barrière cutanée n’est pas stérile ou si l’ensemble des règles d’hygiène n’est pas respecté, les risques d’infection sont réels.

Quels sont ces risques ?  

Les infections les plus courantes sont dues à des bactéries et se développent à partir du site de l'intervention.
Elles sont particulièrement fréquentes dans le cas du piercing (entre 10% et 30% d'infections locales).
Elles mettent surtout en jeu les streptocoques, les staphylocoques et parfois les Pseudomonas.

Les infections dues à des virus sont également possibles.
Cependant les données scientifiques disponibles sont très peu nombreuses et le risque de transmission est mal évalué pour les virus de l'hépatite B (VHB) et de l'hépatite C (VHC), encore moins pour le virus du sida (VIH).

La possibilité d'une contamination par le VHB et le VHC est tout de même solidement établie, mais il persiste un doute sur la transmission du VIH.

Dans une situation relativement proche de celle du piercing, on connaît mieux ce risque dans celui des accidents d'exposition au sang des professionnels de santé où il est plus élevé avec le VHB (20 à 30%) et le VHC (3 à 10%), qu'avec le VIH (moins de 3 pour mille).

Des infections dues à d'autres micro-organismes peuvent plus rarement survenir comme les virus herpes ou le papillomavirus (responsable des verrues).

Existe-t-il des personnes fragilisées ?  

D'une manière générale, de nombreuses maladies chroniques sont connues pour affecter les défenses immunitaires de l'organisme.
C'est le cas des cancers, de certaines maladies du sang, du diabète, du sida ou de certaines maladies génétiques.
Parmi ces maladies, certaines favorisent ainsi la survenue d'infections.

Par ailleurs, l'utilisation prolongée de certains médicaments peut également entraîner une baisse des capacités de défense de l'organisme. Les principaux médicaments concernés sont les corticoïdes et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, qui sont très fréquemment prescrits.

Dans ces situations, un tatouage, comme tout autre geste de modification corporelle avec effraction cutanée ou muqueuse (comme un piercing par exemple), doit être discuté préalablement avec le médecin traitant de la personne concernée.

Enfin, les maladies chroniques de la peau, parmi lesquelles l'eczéma est la plus fréquente, fragilisent le revêtement cutané et doivent faire discuter de l'opportunité de réaliser un acte de tatouage ou de piercing.

Lors du premier contact avec le client, il est primordial de faire le point de façon précise sur son état de santé et de lui faire remplir un questionnaire médical.

La Législation :

Les personnes qui réalisent, même de manière occasionnelle, des tatouages par effraction cutanée (y compris les esthéticiennes qui pratiquent le maquillage permanent) ou du perçage corporel doivent dans leur exercice quotidien, respecter les règles d’hygiène de nature à prévenir les risques infectieux et allergiques.

Ces pratiques font depuis 2008 l’objet d’un encadrement réglementaire.

Le code de la santé publique contient des dispositions qui réglementent la mise en œuvre des techniques de tatouage par effraction cutanée, y compris de maquillage permanent et de perçage corporel.

Il comporte :

  • des dispositions sur le tatouage et le perçage corporel
  • des dispositions spécifiques pour le perçage du pavillon de l’oreille et de l’aile du nez lorsqu’il est réalisé exclusivement par la technique du pistolet perce-oreille (ce qui est généralement le cas des bijoutiers)
  • les dispositions communes à l’ensemble des techniques

Des arrêtés précisent la formation des professionnels, les bonnes pratiques d’hygiène et de salubrité, les modalités de déclaration des activités et l’information préalable des clients sur les risques.

Le fait de pratiquer, même occasionnellement, le tatouage et le perçage sans respecter les obligations réglementaires est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 5ème classe.

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Sources : Agence Régionale de la Santé : Tatouage par effraction cutanée, maquillage permanent, perçage corporel. Hopitaux de Paris - Groupe français d'étude et de recherche sur le piercing, règles d'hygiène et salubrité.

 



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